Carnet de voyage du 30/07/2017

Je suis complétement épuisé ! Il est 20h22 et je m’apprête déjà à m’étaler dans mon lit pour une bonne nuit de sommeil !

Aujourd’hui, j’ai marché de 6h30 à 17h30 presque sans interruption.

Cela fait plusieurs jours que je pars en forets pour suivre le groupe de Mata. Trois matinées consécutives, nous avons suivi leurs traces pendant plusieurs heures jusqu’à ce que l’équipe de l’après-midi nous relève. Mais trois matinées consécutives, nous ne sommes pas parvenues à entrer en contact avec le groupe.

Aujourd’hui, je suis resté toute la journée et par chance, nous les avons trouvés un peu après midi. Mais pas de repos pour autant. Mata et son groupe se sont déplacé toutes l’après-midi !

Il peut être parfois compliqué de retrouver l’un des groupes de gorilles sauvages habitué avec lesquels je travaille. Car premièrement, aussi « habitué » qu’ils sont, ils restent sauvages et évolue librement sur leurs territoires qui peut s’étendre à plus de 35 kilomètres². Deuxièmement, malgré le talent impressionnant des pisteurs ba’aka, il est extrêmement difficile de retrouver et suivre des traces de gorilles sauvages. Troisièmement, le temps ne nous facilite pas vraiment la tâche, surtout en cette période où il commence à pleuvoir assez régulièrement. Mais pour finir, un obstacle de taille nous barre souvent la route. Littéralement. Ces trois derniers jours, nous avons rencontré plus de neuf fois des groupes d’éléphants lors de nos pistages.

C’est étrange cette frustration et en même temps cette admiration que je peux avoir pour les éléphants depuis le début de mon séjour ici.

Ils sont absolument formidables. L’éléphant est l’un des plus gros mammifères qui vit encore sur notre planète. Leurs grandes tailles, leurs poids portés par ces imposantes pattes ainsi que leurs deux longues défenses brandit en avant leurs donnent un air de mastodonte tiré d’un univers fantastique !

Ils me fascinent !

Mais en même temps, ils me font parfois très peur. Dans cette forêt, ils sont très dangereux. Car contrairement à tous les autres animaux qui fuient lorsqu’ils nous aperçoivent, l’éléphant lui, charge dans la plupart des cas. Et je n’ai rien connu de plus effrayant qu’une charge d’éléphant.

Les gorilles aussi charge. Mais dans ces cas-là, il ne faut surtout pas bouger. En principe, il ne s’agit que de démonstration de force. Une charge accompagnée de cris qui s’arrête à quelques mètres de nous. Aussi impressionnant que cela puisse être, il est très rare que de telle charge s’accompagne d’agression physique et de morsure.

Mais dans le cas d’une charge d’éléphant, la seule chose à faire et de courir le plus vite possible ! Je peux vous assurer qu’à travers les ronces et la végétation dance, c’est parfois très compliqué et très angoissant.

Mon cœur bat à m’en rompre la cage thoracique. Une bouffée de chaleur décuple les gouttes de transpiration perlant sur mon visage. Les bras lacérés par les ronces, les jambes tremblantes et les yeux écarquillés, je m’arrête, les sens aux aguets pour savoir si la course doit reprendre de plus belle !

Mais finalement, c’est l’un de ces fameux moments où je vis l’instant présent. Mes pensées s’effacent, comme bousculé brutalement, me rappelant la violence que peut avoir la vie et la nécessité d’y faire face l’esprit clairvoyant.

Grand dieu ! J’aime ce que je fais ici. J’aime ce que je vis.

Je suis encore à Bai-Hokou. Parfois, dans ce campement, les éléphants viennent même nous rendre visite la nuit. On entend souvent leurs barrissements le soir, au loin et je vous assure, c’est vraiment impressionnant ! Ils vont peut-être venir me réveiller cette nuit.

D’ailleurs il est 21h passé. Demain va encore être une belle et longue journée. Je ferais mieux d’aller dormir. Attendre la visite d’un éléphant, dans le campement ou dans les beaux rêves que je réalise ici !

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