Ce soir, c’est séance cinéma. Au programme, « La planète des singes, les origines ».
J’adore ce film ! Les différents employés du camp l’ont commencé depuis une dizaine de minute, tous face à mon ordinateur et sa qualité de son ridicule. C’est comme regarder un film muet. Mais ils aiment ça, même s’il n’y a que les images.
Ce soir, je ne participe pas à la séance entière. Je voulais écrire quelques lignes. Il faut dire aussi que c’est la troisième fois qu’on le regarde en moins d’une semaine. Samedi dernier, à Bai-Hokou après un repas partagé tous ensemble. De nouveau il y a deux jours, ici après mon retour à Mongambé. Et ce soir, après un changement de personnel, troisième séance à la demande générale.
Mais cela ne me dérange pas vraiment. J’adore ce film.
Pour pouvoir télécharger et travailler les données que je collecte auprès des gorilles à l’aide d’un appareil, il m’a été nécessaire d’emmener mon ordinateur. Mais ça a finalement des avantages.
Dans les deux camps, des panneaux solaires rechargent des batteries nous permettant un accès à l’électricité chaque soir à partir de 18h, lorsque la nuit tombe. Quel luxe ! Il n’y a qu’après plusieurs jours où le soleil reste caché derrière les nuages que nous ressortons les bougies. C’est dommage, ça a du charme d’écrire à la lumière dansante d’une bougie.
A une trentaine de mètres de ma chambre, le public commente le film à grand rire avec leurs habituel « MAMA ! » ou « NZAPA ! » (Dieu) lancé à grande voix par plusieurs Ba’aka.
Ils sont tellement drôles lorsqu’ils regardent un film !
L’électricité reste tout de même l’un des seuls « luxe » des campements, même si pour moi, la jungle qui nous entoure est une très bonne définition du mot « luxe »…
Ici, pas de réseaux, pas d’eau courante, pas de gazinière, encore moins de micro-onde, pas de machine à laver ni même de salle de bain. Alors pour prendre une douche, c’est à la rivière ou avec une bassine d’eau. Pour le linge, c’est pareil, à la main et avec du savon. Je me maudis à chaque fois que je laisse s’entasser trop de vêtements et que je passe après une heure à les nettoyer. Je repense souvent à ma mère qui me disputait en me disant « ce n’est pas toi qui laves tes chaussettes » à chaque fois qu’elle me voyait marcher sans chausson dans la maison. Si elle me voyait aujourd’hui, elle serait surement fière de moi.
Pour la cuisine, c’est au feu de bois. Si tu veux te faire chauffer un café, il faut donc être patient. Mais cela aussi à son charme. Nous avons une petite citerne qui filtre l’eau. Ou alors parfois, on met une pastille de chlore dans un bidon. Oui, dit comme ça, c’est étonnant, mais je me demande s’il n’y a finalement pas plus de chlore dans l’eau qui sort de nos robinets. Pour la communication avec le monde extérieur, il y a une radio qui nous permets de joindre les bureaux de Bayanga et une voiture viens deux fois par semaine pour les changements de personnel et les ravitaillements.
Bref, c’est la belle vie !
Je crois que c’est l’une des choses qui me plait vraiment dans les expériences comme celle-ci. Vivre avec des conditions plus difficiles et avec moins de confort me permets d’apprécier plus les choses et de moins me plaindre. Cela renforce ma détermination et m’habitue à prendre sur moi dans les mauvaises situations.
Depuis que je voyage ainsi, je me dis souvent que cela m’apprend beaucoup de choses sur le monde, mais j’en apprends encore plus sur moi-même.
Chaque journée est une aventure, chaque mésaventure est une leçon et chaque leçon est une récompense !
Je souris comme un enfant en relisant ces lignes. Je suis heureux d’être ici.
Sur ces belles paroles, je vais allez regarder César mettre à sac les rues de San Fransisco.
J’adore ce film !
Je vais ajouter moi-même quelques commentaires.
J’aime bien le tout aussi fameux : « VOILA ! ».